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Expo « Namur 10e-16e »… et la ville prend son sens – Jusqu’au 26 janvier 2020

Guichardin, Namurcum 1609. Gravure au burin rehaussée à l’aquarelle. Namur, Archives de l’État.

Cette année, c’est à un parcours dans le temps et dans l’espace que la Société archéologique de Namur et le TreM.a-Musée provincial des Arts anciens nous convient. « Namur. 10e-16e siècle » cache un véritable jeu d’urbanisme virtuel où comtes, princes-évêques, artisans, religieux et échevins se mesurent, repoussent les remparts et tentent d’imposer leur empreinte sur la Cité. Passionnant et éclairant.

Chaudron tripode. 16e siècle. Laiton. Namur, Fondation SAN
Sceau du chapitre de la collégiale Saint-Pierre-au-Château 13e siècle. Cire. Namur, Fondation SAN.

Une balade dans l’espace et dans le temps

En se basant sur la thèse doctorale d’Emmanuel Bodart, Aurore Carlier, commissaire de l’exposition, a imaginé un parcours virtuel et progressif. Elle nous mène depuis le portus – le port du confluent connu depuis l’époque mérovingienne – jusqu’à la physionomie moderne de Namur, qui se fixe au 16e siècle. Le fil rouge en est simple. Il suit le développement de la ville de quartier en quartier. Nous avons sous nos yeux la constitution du puzzle urbain depuis les berges de la Meuse vers les rives de la Sambre. Mais l’exposition donne de l’épaisseur à cette ligne rouge. Une profondeur qui est le propre de l’homme, des hommes, avec leurs ambitions et leurs activités. Si Namur s’est montrée si gourmande d’espace au fil de ces siècles, c’est notamment parce que ses habitants sont épris de liberté, liberté de se mouvoir et liberté d’entreprendre. Si un rempart leur barre l’accès à la Meuse, ils perceront des portes pour y aller pêcher ou lessiver. De même ne craignent-il pas, d’installer par-delà les murs leurs potagers, vergers ou pâtures, puis bien vite leur demeure. Les congrégations religieuses ne sont pas en reste qui défrichent, assainissent et bâtissent en dehors des rassurantes murailles de la ville.

Une ville qui s’étend

À cette dynamique répond celle, plus stratégique, du pouvoir politique. Le Comte a sa propre vision du développement de la cité. De son château tout d’abord, qui doit dominer ce qui lui tient lieu de basse-cour, le site du Grognon. À partir de ce noyau, cœur historique de la ville, les constructions militaires vont suivre plus que précéder la réalité sociale. Les enceintes se succèdent au cours des siècles, sur le site du Confluent tout d’abord, avec une tête de pont sur la rive gauche de la Sambre, puis une deuxième, plus large, qui délimite à peu près le cœur de la ville actuelle et une troisième enfin. Certains princes sont visionnaires et favorisent l’implantation de quartiers, de métiers, de structures ou de services – tels des moulins – qui participeront à la prospérité de la ville. Les Comtes, parfois les mêmes, doivent également naviguer dans un contexte politique mouvant, comme la rivalité avec les évêques de Liège, dont la ville porte l’empreinte.

Pouvoir et autorités

« Namur. 10e-16e siècle » décortique également l’évolution du pouvoir civil. Ainsi le beffroi, symbole bien connu des libertés d’une cité, était à l’origine intégré au château comtal sur l’actuelle citadelle. Il redescendra en ville, signalant que le pouvoir de la bourgeoisie et ses libertés croissantes devaient désormais être pris en compte. Il en va de même du siège des autorités urbaines. Elles se réunissaient dans ce qui est resté longtemps le « cabaret des échevins » autour duquel s’est progressivement développé un quartier « administratif ». Les autorités de la ville vont devoir s’investir davantage dans la gestion du bien commun et la prospérité de Namur : voirie, égouttage, entretien des fortifications…

Faire commerce en ville

Le rôle d’un autre acteur de l’urbanisme est également très bien mis en évidence dans cette exposition. Il s’agit du fait économique. Les échanges commerciaux, les procédés de fabrication et le flux de matières et de matériaux ont marqué l’organisation et l’implantation des quartiers.

Guichardin, Namurcum 1609. Gravure au burin rehaussée à l’aquarelle. Namur, Archives de l’État.

« Namur. 10e-16e siècle » rend cette matière très abordable et même lumineuse. Au sens propre également. Une maquette de la ville utilise un procédé de projection qui traduit sur le terrain les informations distillées par les panneaux informatifs. Tout devient alors évident. Le regroupement des métiers, les lignes de forces urbanistiques, l’évolution économique, les circuits d’approvisionnement. Par ce truchement, par une maquette de maisons des 15e et 16e siècle, et par un choix judicieux d’objets et d’œuvres d’art, à aucun moment on ne perd le fil rouge de l’exposition et l’on ne se noie dans d’inutiles détails. Pas à pas, le puzzle s’est complété, Namur s’est révélée à nous, avec intelligence et simplicité.

MR

À voir TreM.a-Musée des Arts anciens du Namurois, Rue de Fer 24 à Namur, jusqu’au 26 janvier 2020.  081/77.67.54

 

 

 

Chaudron tripode. 16e siècle. Laiton. Namur, Fondation SAN

Sceau du chapitre de la collégiale Saint-Pierre-au-Château 13e siècle. Cire. Namur, Fondation SAN.

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